Comme chacun.e sait, les écosystèmes terrestres comme marins n’en finissent pas de s’effondrer.
La pêche industrielle ravage les petites pêcheries et les vies autour d’elle, tandis que le tourisme, lui, devient vert et que la prospection gazière se flatte de respecter l’environnement. Les responsables de cette catastrophe ont un nouveau projet d’avenir pour nos océans : protéger, explorer, exploiter.
Et c‘est à Brest, aux Capucins entre le 9 et le 11 février, que toutes ces bonnes âmes ont prévu de se retrouver.
Ces ateliers et conférences réuniront chefs d’État, ONG et dirigeants de grandes entreprises pour discuter du futur de la mer, de ses opportunités économiques et écologiques. Sous couvert de protection, les philanthropes de la croissance ont trouvé de nouveaux fonds à défricher et de nouvelles ressources à exploiter sur la planète bleue. Explorer les fonds marins, mettre la main sur les océans polaires, faire évoluer les outils de gouvernance, organiser une nouvelle spéculation actionnariale autour de la mer, penser de nouveaux espaces de production énergétique, pacifier la Méditerranée pour les intérêts du commerce, voilà les priorités qu’ils affichent.
Quand l’économie bleue se présente comme le nouveau combustible de la croissance verte, les vilains se mettent à table. Au prétexte de lutter contre le dérèglement climatique, ces malfaiteurs voient dans la mer, régulatrice majeure des conditions météorologiques, puits de carbone, génératrice infinie de ressources halieutiques, une proie de choix.
Nous, habitant.es des côtes, travailleur.euses et amoureux.ses de la mer, voulons préserver la mer comme espace commun. Nous connaissons déjà bien l’enfumage des stratégies de décarbonation sur terre et la progression de la privatisation de l’eau. Nous nous opposons à cette logique qui considère les espaces et vies maritimes comme des « ressources » économiques et prétend explorer l’océan pour toujours plus l‘ exploiter, le protéger pour toujours plus le conquérir. Alors, leurs conseils de gestion, on s’en passera.
Puisqu’on ne protégera pas la mer à coups de champs d’éoliennes, de subventions à la pêche industrielle et de milliers de kilomètres de fibre optique, on peut se permet d’être un peu sceptiques devant la capacité des leaders à atteindre leur objectif affiché. Pour saisir et combattre efficacement le renouveau des stratégies néolibérales actuelles face aux océans, nous organisons donc notre propre séminaire de rencontres et d’échanges autour des luttes, en mer et sur les côtes.
Car après le « capitalisme vert », on nous réchauffe de nouvelles mascarades, bien nommées « finance bleue » ou « corridors maritimes verts ». De nouvelles méthodes de législation et d’exploitation des océans s’annoncent, qui continueront à mettre en péril toutes les vies qui s’organisent hors des systèmes de production de masse.
Nous rencontrer, donc, pour partager les existences autour de la mer qui s’extraient des cadres industriels. Pour raconter les vécus qui perpétuent des techniques et des relations respectueuses des mondes marins. Pour se rappeler que la mer est avant tout un espace commun et retrouver de la puissance d’agir contre sa privatisation.
Du vendredi 4 au dimanche 6 février, nous préparons une première rencontre des Soulèvements de la Mer. Projections et discussions évoqueront les nouveaux modes de conquête des espaces maritimes et les pratiques de pêche et de conchyliculture qui s’en défendent. Nous mettrons en lumière des luttes autour de la mer en donnant la parole à celles et ceux qui résistent autour de nous, contre l’implantation d’éoliennes offshore, la surpêche industrielle, les élevages aquacoles, la création d’espaces maritimes « protégés » destinés au tourisme, tout comme la pollution des mers par l’agro-industrie et l’élevage intensif. Nous imaginerons ensemble les formes d’action possibles pour muscler les luttes en cours et à venir et nourrir les formes politiques de vie dans nos communautés côtières. Et nous rappellerons que la mer chante depuis ses fonds inexplorés, où ne creusent pas les sondes de l’extraction minière.
Puisqu’ils pensent leur océan unique sans nous et contre nous,
Rassemblons nos forces contre leur nuisible protection, pour la vie maritime!